 (source photo : Le Courrier du Pays de Retz) Dominique Michon, au second plan et Pierre Brisson surveillent de près le positionnement du filet qui sera allongé de 24m cette semaine | Auteur / Source : Le Courrier du Pays de Retz
Résumé : Un test grandeur nature est en cours sur la plage de l'Ermitage à Saint-Brevin. Le but arriver à enrayer l'avancée d'un cours d'eau, Le Boivre sur la plage.
Depuis le 18 avril, un filet de 18m est installé sur la plage des Rochelets. Sur une partie du Boivre, ce cours d’eau qui serpente sur le sable et s’allonge au fil des ans. Pour résoudre ce problème, Dominique Michon, de la Sarl Able, teste ce dispositif en partenariat avec la municipalité.
Depuis près de dix ans, la plage des Rochelets (et de l’Ermitage) doit composer avec un hôte quelque peu envahissant : Le Boivre. Ce cours d’eau qui prend sa source à Saint-Père et qui traverse les marais de la Giguenais, se jette dans la mer via un exutoire situé à l’Ermitage. Sauf qu’avec l’engraissement du sable, le Boivre a tendance à sortir de son lit créant ainsi un chenal qui serpente vers le nord de la commune. Cette “rivière” au milieu de la plage mesure aujourd’hui près d’1,8km. Il en résulte des problèmes d’accès à la plage mais surtout des phénomènes de baïnes qui mettent en danger la vie des baigneurs. Depuis dix ans, la municipalité et le syndicat d’aménagement hydraulique (SAH) commandent des études, suivies de près par un collectif d’habitants qui ne lâchent pas l’affaire, “souhaitant que les choses se règlent au plus vite”, comme l’indique un des membres, Pierre Brisson. Une enquête publique menée en fin d’année mettait en avant une solution : outre le renforcement de la station de pompage, des enrochements devaient réorienter le cours d’eau vers la mer. Mais ce deuxième point n’a pas reçu un avis favorable du commissaire-enquêteur… pas convaincu de l’efficacité d’un ouvrage aussi impactant.
Une solution expérimentale…
L’entrée en scène de Dominique Michon et de la S-Able coïncide à peu près en début d’année 2013, même si l’homme avait déjà rencontré le bureau d’études SCE et sa filiale Créocéan, à l’origine du projet d’aménagement retoqué par le commissaire-enquêteur. Spécialisée dans les systèmes maritimes, la S-Able conçoit des dispositifs pour “piéger” les sables, pour fabriquer des dunes en mer. “Des systèmes mis au point à la fin des années 90, installés au Croisic par exemple et qui sont brevetés au niveau européen”, souligne Dominique Michon, un ancien pêcheur et formateur dans les lycées maritimes. Reconverti dans la fabrication de filets innovants et durables pour la pêche, il met au point désormais des solutions pour la préservation du littoral.
…. Et peu coûteuse
Ayant pris connaissance du rapport du commissaire-enquêteur et après des échanges de courriers avec la municipalité et le collectif de riverains, Dominique Michon rencontre le maire Yannick Haury et le directeur du SAH, Hervé de Villepin, in situ. “C’était en janvier et il me fallait une autorisation d’occupation temporaire pour pouvoir faire un test. Seule la mairie pouvait la demander auprès de la DDTM (direction départementale des territoires et de la mer). Finalement, grâce à un partenariat avec la ville, l’essai a commencé mi-avril…”, ajoute l’entrepreneur qui a su convaincre avec un argument de poids : le faible coût de sa solution. “Il leur en coûtera 280.000€ (au lieu des 1,5m d’euros du projet initial, maintenance et électricité des pompes comprises). Le filet coûte 1.000€ du ml. Le partenariat coûte à Saint-Brevin 5.000€ pour 12m de filets soit 400€ du ml… Mais il faut désormais aller plus loin, concède Dominique Michon. La largeur du cours d’eau est de 40m. Et surtout, il faudra positionner le système plus en amont, au plus près de l’exutoire, ce qui ne m’est pas encore autorisé”.
Des pompes quand même
Du côté de la municipalité, ce partenariat a eu l’avantage de faire avancer les choses. Et Yannick Haury affirme que le système sera allongé de 24m, “le complément sera posé cette semaine. Ces filets devront prouver leur efficacité. Pour l’instant, la largeur est encore modeste et cela trop peu de temps pour en tirer toutes les conclusions. Il faudra une année pour juger de toutes potentialités. N’empêche nous avons souhaité tester car le dispositif est facile à mettre en œuvre et est réversible. Il est suivi de près par les techniciens de la DDTM et son coût est raisonnable”‘. Justement, en parlant de coût… “J’ai demandé à Jean Charrier le président du SAH son accord pour valider l’extension du test et pour que le SAH participe financièrement. Le Conseil général a alloué une enveloppe de 600.000€ grâce au contrat de territoire pour financer les travaux sur le Boivre. Quelle que soit la solution retenue, nous maintenons la présence de la station de pompage”. Un dernier argument qui ne convainc pas Dominique Michon, “si les filets sont repositionnés plus haut, vers l’allée des pâquerettes, la station de pompage sera inutile. Le seuil de sable va partir de façon gravitaire plus vite que par les pompes”, assure le Croisicais qui a su faire valoir ses thèses au sous-préfet Emmanuel Bordeau, venu à Saint-Brevin vendredi 24 mai pour une visite de la ville…. et qui s’est arrêté sur la plage des Rochelets (notre édition du 31 mai).
Le dispositif expérimenté
Que voit-on sur la plage ? Eh bien, pour l’instant, face à l’allée des bouillons, un filet de 12m (bientôt 36) coupe une partie du cours d’eau. Le sable en suspension le traverse et se retrouve piégé, créant ainsi une sédimentation et donc un monticule, une dune en somme. “Le système, estime son créateur permet simplement de redonner un nouveau profil au Boivre et de réorienter sa course vers la mer”. Dominique Michon explique que “si l’on réduit la largeur du cours d’eau, à débit constant, la vitesse de l’eau augmente, “l’obstacle augmentant la vitesse. Du coup peu à peu, le ban de sable est grignoté”. Sur la plage, le filet, orienté à l’ouest, est maintenu par une ancre ensablée et des flotteurs permettent de maintenir les filets à marée montante. Selon ses prévisions, au fil des semaines, le cours d’eau s’éloignera pour rejoindre la mer et ainsi disparaître.
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